Lever le masque
Lever le masque
Conférence des Amis du MASC - 18h30
Par Eva Prouteau, critique et historienne de l'art
Outil de métamorphose employé à cacher le visage à des fins cosmogoniques, religieuses ou théâtrales, le masque fut plébiscité dans le monde antique. S’il ne quitta jamais les milieux artistiques, il connut un regain de succès en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, où il incarna de multiples promesses : pénétrer l’étrangeté, devenir un autre que soi, goûter l’excès de la fête et de la subversion.
La psychanalyse naissante s’en empara, à l’exemple de Carl Gustav Jung et son concept de persona, cette part de la personnalité chargée du rapport de l'individu à la société, la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage prédéfini afin de tenir son rôle social. Ce mot, persona, vient du latin per-sonare, parler à travers, et à l’origine, il désigne le masque porté par les acteurs de théâtre. Par le prisme psychologique, le masque nous interroge : être soi-même, cela s’éprouverait-il dans la plasticité identitaire plutôt que dans le figement ?
Dans ce XXe siècle qui enrichit sa portée, le pouvoir suggestif du masque, résumé de l’individu ou recréation de soi, a nourri l’imaginaire de nombreux sculpteurs, peintres et photographes. Il incarne donc le changement d’identité: des visages expressionnistes de James Ensor au modernisme et à sa prédilection pour les masques d’Afrique et d’Océanie, des masques de Louise Bourgeois à ceux de Cindy Sherman, les masques modernes et contemporains fascinent en tant qu’objet, mais aussi en tant qu’interface sociale, culturelle et politique. À travers de nombreuses sculptures, peintures, installations, performances et photographies, cette conférence se penche sur cet objet énigmatique, qui connecte souvent les mondes visible et invisible.
Salle de conférences de l'abbaye Sainte-Croix
Entrée libre