Art contemporain

Art contemporain
Qui a peur de l'art contemporain ?

Georg Baselitz

Sechs Schöne, Vier Hässlische Porträts : Schönes Porträt 3. 1987-1988

En 1958, Georg Kern choisit le nom de Baselitz, en référence à son village natal, comme avant lui les peintres Emil Nolde et Karl Schmitt-Rottluff. Dès lors, il développe une oeuvre rétive à toute classification, aux marges du réel. Passé d'Est en Ouest, il intègre l'Ecole supérieure des Arts plastiques et appliqués de Berlin, découvre l'expressionnisme abstrait et se rend à Paris. "Georg Baselitz trouve dans l'art du Paris de l'après-guerre les arguments philosophiques, poétiques, les solutions formelles qui lui permettent de fonder son opposition à l'art abstrait informel enseigné dans les écoles d'art de l'ouest de Berlin" écrit Didier Ottinger.

Guitton

Henri et Lucette Guitton

A Nedde. 1995

Ses oeuvres, Henri Guitton les imagine à partir des menus trésors que son épouse Lucette, en collectionneuse attentive, ne cesse de glâner autour d'elle. Ce sont les souvenirs d'une vie, les notes d'un journal qui puise sa matière dans le réel et s'émerveille de l'ordinaire. Henri Guitton admire l'oeuvre de Cornell et son sens du mystère. Il en retient, pour l'élaboration de ses propres boîtes, le goût de la rencontre poétique, judicieusement provoquée, des deux obsessions qui sans cesse reviennent le taquiner : la pêche d'une part, qu'il pratique exclusivement en rivières et en eau claire, l'art de l'autre, de préférence moderne, mais aussi roman ou populaire.
Dans ces boîtes, naturalia et artificialia se mélangent pour témoigner d'un même souvenir, renvoyer à un même site. Ces objets combinés, reliques ou prélèvements, fixés sur des tablettes, enfermés dans des flacons, dissimulés dans des tiroirs, contiennent en germe mille petites histoires. Peintre de genre, Henri Guitton se souvient d’une séance de pêche au bord de la Sèvre nantaise ou de la Vienne. Portraitiste, il évoque le caractère d'un proche ou le génie d'un grand homme. Paysagiste, il sonde toutes les caractéristiques d'un territoire. Le tout par la grâce de menus objets qui en portent l'essence tout en composant autant de natures mortes aux accents de vanité. Dans une seule petite boîte d’Henri Guitton, il y a des mondes engloutis. Reliquaires d’un instant perdu ? Ex-voto saluant un bonheur vécu ? Tendres souvenirs de vacances? Quelques éclats de vie en tout cas, fragiles et poétiques, qui renvoient le spectateur à sa propre mémoire.

Cognée

Philippe Cognée

Intérieur avec lit. 2001

Après un séjour à la Villa Médicis, Philippe Cognée se détache de sa veine africaine, celle de ses quinze années d'enfance au Bénin : sculptures et dessins étaient alors parcourus de signes primitifs, accueillaient des animaux et des hommes. En 1993, Cognée se consacre exclusivement à sa technique dite "à l'encaustique", qui transforme la perception visuelle de ses oeuvres. La cire tiède étendue sur le dessin préalable est comme une peau. Le passage, in fine, d'un fer à repasser brouille l'image, la fait fondre en quelque sorte. Cognée travaille d'après des photos et des vidéos personnelles, du banal en somme : baignoires, cabanes de chantier, réfrigérateurs, chaises de jardins...

V.Corpet

Vincent Corpet

1P 8 VI 82 a/p 150x225 (série "Premiers"). 1982

Amorcé au début des années 1980, l’œuvre de Vincent Corpet se saisit de la peinture pour mieux la retourner. Elle vient à l’heure où, après des années de pratiques ascétiques et abstraites, il fait à nouveau bon profiter des joies de la térébenthine : des sujets à tiroirs, de la palette exubérante, de l’imbroglio de la forme ou des emportements de la matière. Sans doute tout cela prend-il un peu le pas sur le sujet, simple prétexte à la déferlante du style dont l’image ici ou là nous restitue quelques bribes. La peinture est profuse, le regardeur se perd et cherche ses repères dans ses méandres colorés, en quête d’indices et de délices auxquels se raccrocher. Elle s’offre sans se donner d’emblée, préférant susciter le trouble, convoquer nos souvenirs, suggérer des connivences.

Saul

Peter Saul

Woman Smoking. 1984

Né en 1934 à San Francisco, Peter Saul est proche de la culture populaire, celle des comics, des magazines pulp. Dans les années 60, il fait des peintures proches de l'iconographie consumériste du Pop Art et de l'espace ouvert de l'expressionnisme abstrait avec une agressivité et un mauvais goût revendiqués. Il préfère l'imagerie au maniérisme du Pop : des Donald Duck, des couteaux, des chaises électriques, des réfrigérateurs, des revolvers et des cabinets.